Goulotte au Mont (presque) Maudit


L’envie d’une belle voie en montagne se profilait depuis quelques temps déjà. Ne restait plus qu’a choisir une destination de voyage. J’avais envie du massif du Mont Blanc et d’un truc un peu sauvage, sans passer par la case « refuge boat people » si possible.

Ce sera donc dans le versant Est du Mont Maudit, au dessus du cirque de la Brenva. On est ici dans « l’autre » Mont Blanc, sur sa face secrete et cachee. Une belle voie d’alpinisme mixte s’offre à nous, avec l’empilage de deux goulottes « Overcouloir » puis « Country couloir » jointes par la grande pente médiane de la classique « Beaumont Decorps ». Voici a priori un bel itinéraire en altitude de 700m en IV 5 (en rouge sur la photo) avec pourquoi pas un finish au Mont Blanc si l’on est en jambes…


Après une dépose au col du Midi, on rejoint le bivouac de la Fourche pour une soirée 4 étoiles dans un des plus beaux bivouacs du massif. C’est la troisième fois que j’y dors, les souvenirs y sont bien présents On a tout le temps d’admirer notre objectif du lendemain, dont, c’est sur, on ne va faire qu’une bouchée.









Ce serait sans compter sur le timing improbable que nous nous imposons, je ne sais pourquoi… Dans la joie et l’allégresse d’une aube naissante, nous bidouillons quelques temps à la rimaye puis remontons les goulottes du bas de la face. Une belle ambiance, de la glace en super condition, de beaux plaquages un poil techniques… On avance à notre rythme, heureux de grimper au soleil.



Et oui mais c’est la le problème : nous nous sommes levés à 4h, il aurait fallu se lever 3 heures plus tôt. Tandis que nous grimpons, la face chauffe dur en cette journée quasi estivale. Du haut, ca commence à pisser de partout et c’est bientôt sous une cascade de neige fondante et dégringolante que nous grimpons. Dans les yeux, dans les manches, dans le cou, on est envahis. Dans ces goulottes techniques, c’est vraiment olé olé…




Après de longues minutes de combat, nous nous rétablissons au sec dans les grandes pentes médianes. De la il est clair que nous sommes hors timing, bien au delà du raisonnable pour grimper en sécurité les pentes supérieures. Apres pas mal d’hésitations sur la suite a donner, nous décidons donc de redescendre, en espérant ne pas se prendre le ciel sur la tête. Cordelette, maillons, sangles… Encore un peu de matos laisse là-haut. On s’échappe de cette face mouvante comme l’on peut, pour ensuite remonter à la Fourche sous un soleil de plomb.


Etonnant choix : qu’espérions-nous en nous levant a 4 heures pour une face Est par cette météo ??? Curieux, curieux, un manque notoire d’analyse préalable. Aurais-je oublie que l’alpinisme impose parfois des départs a des heures indicibles ? Le bon timing aurait été de se lever à 1 heure du mat et faire la goulotte du bas de nuit, pour attaquer celle du haut au lever du jour. Dont acte : une belle erreur de débutant !



Reste une très belle voie à achever dans un versant peu parcouru, d’esthétiques longueurs de glace et de mixte dans un itinéraire discret mais qui vaut le détour.

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