Engagement et accomplissement

Et voilà.
Mon nom est sur la liste.
J'ai 44 ans, je suis admis en formation à l'ENSA, et je devrais en sortir Guide (et doyen de la promo :-)

Décider de s'engager est le sel de l'alpinisme : franchir un seuil que l'on sait à sens unique procure à l'action une dimension toute particulière, où la conviction que l'on est à sa juste place devient le moteur de la réussite. Et au delà de la réussite, l'accomplissement d'une démarche souvent profonde. 
On ne pratique pas ce genre de jeu par hasard.

Cette habitude de l'engagement m'aura finalement servi sur un autre terrain que celui d'une grande face austère.
Quand on choisi délibérément de sortir de sa zone de confort (confort quotidien, confort professionnel) alors on peut le faire en s'engageant. En prenant des risques. C'est ce que j'ai fait il y a quelques mois. 
Et croyez moi, le confort était au rdv.

Il y a ici 4 personnes que je voudrais tout particulièrement remercier.

Michel :
un jour d'été il y a 3 ou 4 ans, nous équipions aux Dorées. Pendant ce séjour, nous avions parlé du métier de guide, et de ma tentative infructueuse en 2007 dont j'étais sorti un peu amer (l'ego est un bien piètre compagnon). Tu m'avais demandé pourquoi je ne retentais pas le proba. J'avais répondu que depuis mon accident de 2008, ma cheville était raide, fragile, et qu'à la quarantaine j'étais sans doute trop vieux (et j'y croyais!). Une fois que j'avais achevé ma petite complainte, tu m'avais regardé et, malicieusement tu m'avais répondu "tu es sûr que c'est pas une excuse?"...
Echec et mat.

Steph :
on avait le projet de le passer ensemble et on s'est motivés pour ça. Des séances d'entrainement il y en aura eu, toutes plus motivantes les unes que les autres car à deux c'est toujours mieux. Malheureusement ton nom n'est pas sur la liste. Nos parcours prennent donc des chemins différents, j’espère que 2018 sera ton année.

Yves :
je voulais prendre des points en escalade, et grâce à toi je pense que j'ai fait le plein le jour J. Tu m'as accompagné et coaché depuis cet hiver pour me tirer vers le haut et me faire comprendre que les verrous de la grimpe sont, jusqu'à un certain stade, surtout psychologiques. Un dernier petit effort ? fais moi cocher un 7c et ensuite je te fiche la paix

Ju : 
celle sans qui rien de ceci ne se serait réalisé.
Je n'en dirai pas plus ici, c'est bien trop intime.



Voilà donc : il y a 10 ans, je démarrais ce blog par un post sur l'ENSA et 10 ans plus tard la boucle se boucle. Je ne crois pas que beaucoup de candidats passent le proba tous les 10 ans, je ne crois pas que beaucoup de candidats obtiennent le proba a 44 ans. 
Je suis heureux et fier, et surtout plus que jamais convaincu que la vie consiste à devenir ce que l'on est.

Commentaires

Michel a dit…
Tu seras un guide merveilleux Yannick, j'en suis convaincu; c'est aussi clair que l'eau pur du torrent caché des Dorées :D))
Etre à l'écoute des autres et aimer transmettre, comme tu sais si bien le faire, est un atout maître. Et tu en as bien d'autres dans ta manche !
On est amis, et bientôt collègue: la vie est belle.
Reste plus qu'à retourner sabler le champagne dans notre petit refuge adoré...
Unknown a dit…
Hey félicitations Yannick ! Ca faisait un bout que je n'étais pas allé sur ton blog, j'avais entendu parler que tu quittais ton poste pour une nouvelle vie... et quelle nouvelle vie !! Une sacrée sortie de la zone de confort dont tu parles et ça te va très bien, je rejoins le commentaire précédent, tu feras un excellent guide, passionné, passionnant, et au regard de photographe qui permettra sûrement à tes clients de découvrir bien des choses en montagne avec toi ! Les sorties montagne vont s'accumuler, raison de plus pour que je suive plus régulièrement ton blog :) Encore bravo et bonne suite dans ce qu'il reste à faire pour que tu aies le diplôme en poche !
Antoine R (ex Ville de G aussi ;)