24 heures sur la Verte

Il y a longtemps j'avais eu le loisir d'observer d'en face l'arête des Grands Montets à la Verte et, allez savoir pourquoi, ça ne m'avait pas donné une grosse envie d'y aller.
Des années plus tard, ou dit autrement il y a quelques jours, je cherchais une course classique permettant de bivouaquer dedans, afin de profiter des très belles conditions météo de cet été.
L'arête des Grands Montets refit surface.

La belle surprise, la très belle surprise...


Ce beau voyage sur une des plus belle montagne du massif tiendrait en un mot :
ambiance!


Cette ambiance est omniprésente et majestueuse.
Passée la série de traversées en mauvais rocher menant sous la pointe Farrar, le reste est somptueux.
Et même à ce stade, la majestueuse raideur du Nant Blanc a tôt fait de nous faire oublier ces vires infâmes


Les conditions de cet été y contribuent forcément.
La neige est omniprésente dans les moindres portions d'ombre de cette arête,
ce qui donne certainement à la course une toute autre esthétique dont nous nous régalons.


Ambiance montagne, résolument.
Mettre les crampons, les enlever, traverser, monter, descendre, basculer...
L'efficacité -ou pas- d'une cordée dans ce type de terrain se paye comptant.


Le temps est de la partie. 
Ambiance vous dis-je, ambiance.
Quand les brumes nous rattrapent dans les dalles de la Pointe de Ségogne, la beauté du rocher percute l'austérité soudaine qui nous entoure.


A 18h00, nous atteignons le col du Nant Blanc.
"nombreux emplacements de bivouacs" dit le topo...
La neige n'arrange pas l'affaire, un seul est véritablement praticable.

Notre nid pour la nuit est de fait vite choisi.


Le bivouac sera un peu plus frais que prévu, mais qu'importe.
Somnambules s'abstenir. 
L'Ambiance du lieu nous envoute.



A moins que ce soit la gueule béante de la Verte qui nous obsède.


Au loin, l'ouate cotonneuse empli le vide azuréen.
Ambiance d'un autre monde.


Et puis, un clin d'oeil crépusculaire déchire le ciel et découvre les alentours;
au-dessus de nous, la calotte sommitale de la Verte nous fait de l'oeil pour le lendemain matin.
Le petit déjeuner aura forcément des relents givrés.


D'ici là, surtout en pas fermer l'oeil tout de suite et jouir du spectacle.
C'est le privilège des grimpeurs qui acceptent le poids d'un sac rempli.


Les Drus et la Sans Nom semblent presque insignifiants.
Dans la fraîcheur de la nuit, nous oublierons même de nous réveiller et en serons quittes pour un bon sprint jusqu'au sommet afin d'espérer pouvoir descendre par le Whymper.


A l'heure où nous devrions descendre, nous montons toujours.
Au moins profiterons nous du lever de soleil sur la calotte.


La bise du matin et un ciel voilé sont nos meilleurs alliés : ça ne réchauffe que très doucement.


Un Clic au sommet et la décision est prise : on tente la descente par le Whymper.
Il est 7h30, je la connais bien, ça passera avant le déluge du dégel.


Deux heures plus tard et quelques rappels rondement menés dans l'hideux entonnoir, nous posons les pieds sur le glacier. 
Timing serré mais tenu, qui nous a permis de descendre tant que le rive gauche restait épargnée su soleil.


Christophe a beau faire de la pub pour ses patisseries, c'est une bière fraîche qu'il nous offre.
Les carbonaras nous feront même oublier le réchaud HS qui nous a valu un régime sec pendant 24 heures.

Voilà donc comment passer 24 heures sur les flancs de cette si belle pyramide.
A noter que la traversée en 5c dalle sous la pointe Ségogne, peu protégée, justifie sans doute une paire de chaussons pour le leader si celui-ci n'est pas un habitué des frictions sur bossettes.

Bon voyage


Commentaires

lta38 a dit…
T'as pas peur de massacrer le NeoAir ? Je n'ai pas osé le sortir aux Jorasses ! Belle course !!
Yannick Ardouin a dit…
J'ai une certaine conception du matos en général : c'est fait pour être utilisé jusqu'à ce que mort s'en suive. Je préfère un bon matelas sous mon dos que dans mon armoire ;o)