Mixte sauvage à l'Etret

Ce n'était pas faute de vouloir, mais plutôt de pouvoir : ce printemps ne voulait décidément pas nous laisser de répit.

Et puis un court créneau se dessine, alors on tente.


L'Oisans nous attendait. 
Avec lui, le calme des vallons reculés nous rappelle qu'on peut aussi faire de l'alpinisme sans bénéficier des bennes chamoniardes et  de la cohue qui va avec. 
Chargés comme des mules, pour sur nous le sommes : 
nous avons choisi l'option bivouac pour nous immerger un peu plus, ainsi que l'option skis d'approche pour aller plus vite en cette fin de printemps.


Comme nous savions qu'il y aurait du monde, nous avions pris soin de réserver la meilleure chambre, celle avec vue.


Vue sur quoi d'ailleurs?
La reine des lieux, la pointe du Vallon des Etages, nous fait de l'oeil -la diagonale Fourastier insiste lourdement- tandis qu'à sa droite, la tête de l'Etret nous houspille, sans doute de peur qu'on l'oublie.


Elle a tort : c'est pour elle que nous nous levons dans la nuit noire et que nous remontons ce long vallon glaciaire à la lueur du petit jour. 
Tête de l'Etret, couloir nord-est. Encore une ligne ouverte par le grand Maurice.
Pas trop long, pas trop dur, parfait pour se mettre en jambes au cas ou l'été nous réserverait quelques beaux projets.
Et puis n'ayant pas planté une broche de l'hiver, il faut pas être trop ambitieux


Si ça chauffe au soleil, ce couloir-goulotte encaissé reste pour sa part bien froid, et assez rapidement, nos mollets en feu nous indiquent qu'il ne s'agit plus de neige mais bel et bien de glace.


 Une belle ambiance nous y attend, sur de la glace globalement peu protégeable.
Une broche de-ci de-là, guère plus.


Les ancrages sont bons, et nous progressons plutôt bien dans les longueurs de glace.
Les difficultés de cette voie se concentrent dans le haut, et nous allons le vérifier.
A 8h30 nous sommes aux pieds du "mixte final", il nous faudra 2h de plus pour en finir, alors qu'il ne doit y avoir pas plus de 70 mètres à parcourir... Youpi!

Rocher purulent, neige inconsistante, très peu de glace, on y progresse comme on peut et surtout prudemment : des longueurs de 15 mètres max pour ne pas trop parpiner le second.
Donc pas de photos, le boitier était planqué dans le sac.
Tant pis pour les images.


Nous venons finalement à bout du truc sans trop d'encombres, à part une bonne caillante car la progression est lente.


Nous retrouvons la douceur du soleil sur l'antécime, et nous pouvons alors nous offrir une pause contemplatrice.
Quelle ambiance !
Le calme est absolu, nous sommes seuls dans ces grandes montagnes à profiter de l'instant.
C'est sans doute pour cela que l'on est là, et c'est pour ce calme là que l'Oisans est si plaisant.


L'Oisans, ce sont aussi des descentes qui oscillent entre le long et/ou le hasardeux.
Celle-ci nécessite son lot de sangles et de cordelettes, on est donc bien sur une AOC Oisans certifiée.
Ca démarre pourtant plutôt bien jusqu'au col sud de l'Etret, avec 3 relais en versant nord/rive droite
Arrivé au col sud de l'Etret, un nouveau relai bien à gauche de celui-ci permet de rebasculer dans le vallon des Etages.

La suite, il faut l'improviser, mais on sait faire.


En bas, nous retrouvons nos skis qui nous ont sagement attendu; la bonne idée : 15 mn plus tard, on est au bout du glacier. 
Retour à la tente, pose, paquetage, portage, bière à température du Vénéon...

Belle voie que cette classique nord de l'Etret.
Prévoir un jeu de camalots jusqu'au #2, avec quelques micros.
Pour gagner du poids, un brin de 60 m. pour la montée doublé avec 50 m. de ficelou pour la descente doivent suffire.

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