Une Verte pour se retrouver

Et si la météo nous faisait un appel du pieds?
Et si, au lieu de rouler vers ce si cher Verdon, on tentait une virée alpine improvisée?
L'idée tourne dans ma tête, elle tourne car elle me titille là où je savais être titillé un jour : 
comment (ré)aborder l'alpinisme auréolé de me responsabilité de père?
A dire vrai, et même si je suis régulièrement en montagne, je n'avais plus fait d'alpinisme depuis longtemps. L'idée même me posait question.

Et puis j'avais envie de faire un test, une espèce de retour "initiatique" qui me servirait d'étalon, pour y donner une suite ou non.
C'était donc maintenant. Non prémédité et heureusement.
Nous irons dans la goulotte Naïa à la Verte.
Je me prends à mal dormir l'avant veille : ça me travaille. J'appréhende.
Je ne sais plus où en est ma motivation et je sais que ma condition physique laisse a désirer pour être rapide et efficace en altitude.

Dans la montée à la Charpoua, les doutes s'effacent. Ils se perdent dans les nuages et la bouillasse qui rapidement nous entourent. 
On brasse dans la fraiche jusqu'au refuge, et un brouillard à couper au couteau nous empêche d'aller repérer l'attaque. 
A minuit, toujours le brouillard, on se recouche. A 1 heure, toujours le brouillard, mais on y va. 

Brassage intégral jusqu'aux rimayes du Y, on sort enfin de la brume, on tire à gauche dans la nuit noire. 
Deux bons ressauts en glace quasi verticale, on grimpe, ça a l'air top et on rejoint les pentes de neige.


Le jour se lève enfin. En bas, les brumes se sont volatilisées.


On continue à grimper.
Je n'y comprends rien, ça ne colle pas avec le topo.
Pourtant nous avons vraiment (le sentiment d'avoir) tiré à gauche.


Dans notre dos, c'est la fête.


Nous continuons vers le deuxième ressaut annoncé sur le topo...


... pour en fait déboucher sur l'arête sommitale, au delà de l'aiguille Croux.
Serait-ce?... Serait-ce?... Serait-ce que nous nous sommes gourés?
Oh que oui : en fait de Naïa, nous sommes allés dans l'Y de gauche. 
Le brouillard de la veille et la nuit noire du départ nous ont fait nous fourvoyer, et grimper les 1ers ressaut de l'Y plutôt que de tirer encore à gauche vers Naïa.


10mn. de marche sur la partie facile de l'arête, et on débouche au sommet.
Finalement pour nous, qu'est ce que ça change?
Deux convalescents qui refont de l'alpi et qui arrivent au petit matin au sommet de la Verte, n'est ce pas largement suffisant?


Je crois que si!!!


 Contemplation


 La Verte est décidément une des toutes grandes du massif.
Nous passons 15mn. là haut, heureux en apesanteur.


Et puis le Whymper nous appelle, et avec lui la promesse d'une bière fraiche et d'une bonne sieste au Couvercle.


L'ouate est revenue, elle monte, elle nous happe petit à petit. 


Dans ses volutes nous allons nous perdre.
Fin du panorama, fin de cette beauté qui troublerait presque notre attention.
Retour à l'introspection, retour sur les doutes intérieurs et les questions qui m'assaillaient et auxquels j'ai le sentiment d'avoir répondu.
Qu'il était limpide ce retour en Montagne.

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