Aiguilles Dorées : on continue le travail

Tels des Sisyphes heureux, nous continuons le travail. 

L'année dernière, pour fêter la naissance de ma fille, Michel et moi nous nous offrions de belles tranches de rocher aux Aiguilles Dorées. 

Il n'est jamais bon de laisser du lait sur le feu.
Et puis pour moi, "été" rime nécessairement avec "Dorées".


 Cette année, le télésiège de Champex est fermé.
Il faut donc monter "à l'ancienne", et pour cela le départ au dessus de Praz-Fort puis Saleina est parfait. 
La première fois que j'étais allé aux Dorées, il y a une dizaine d'années, j'étais monté par là. 
A dire vrai je préfère presque cette montée à l'interminable traversée depuis le haut de Champex. 
Ici, ça grimpe raide mais efficace. Après 4 heures et une bonne suée, je retrouve Michel qui m'attend là haut.


Un bon diner, une bonne nuit, et nous attaquons pour ce qui s'annonce être une grosse journée. 

Nous souhaitons absolument terminer en 1 journée l'équipement de cette belle ligne commencée l'an passée,
où nous nous étions arrêtés après 7 longueurs sur le versant Est de la Varappe, juste sous l'imposant Capucin des Dorées.


Notre nouvelle voie longe "le sud, le soleil, la plage, les palmiers" et un système de vires permet de passer de l'une à l'autre.

Aussi, afin d'être efficaces, nous remontons par les premières longueurs de celle-ci et en profitons pour rééquiper les relais d'une broche, gage de sécurité et de longévité. 
Sait on jamais : un futur topo? Une voie devenant mythique?...


Je retourne donc avec de splendides souvenirs dans ces longueurs. 
Même une deuxième fois, la grimpe y reste aussi enchanteresse qu'il y a deux ans.
Au dessus, la Capucin force le respect.


 Nous rejoignons rapidement notre point d'arrêt de l'année dernière, et repartons de l'avant.
Direction : le sommet.
Michel y décèle, comme si souvent, le cheminement le plus beau et logique à la fois, qui garantit tant de la belle escalade qu'un itinéraire intelligent.


Nous grimpons, équipons, grimpons, équipons. 

Tout le matos est cette fois-ci sur le dos, et même si le poids pèse au second nous sommes ainsi plus rapides. Ci-dessus, ce qui sera sans doute la longueur clé de cette future voie : une magnifique fissure à doigts en 6b/6b+. 
Michel l'avait repérée depuis le bas, oeil de lynx ;o)

 

Sur le haut, ça se couche franchement.
Derrière nous, qui nous surveille, le Capucin.
Une longueur de traversée dans des blocs, un dernier ressaut de 40 mètres, puis une micro longueur de 10 mètres...


... et nous débouchons heureux au sommet de la Varappe. 
Nous y croisons là deux cordées de grenoblois qui eux aussi en terminent, mais avec la traversée des Dorées.
Il est 15 heures, nous n'avons pas chômé.


Descente, scellement, nettoyage... la routine quoi!

Retour au bivouac, à ce cher bivouac, heureux : une voie de 15 longueurs vient de naître dans le versant Est de la Varappe. 
Globalement dans le 6a, cette voie devrait plaire à ceux qui aiment les grandes envolées pas trop extrêmes, avec un vrai sommet à la clé. 
Son nom?  A voir... Il se pourrait bien que ça parle d'une croisière qui s'amuse ;o)


 Repos des guerriers.
Chhhhhuuuuuut......


 J2 : on reprend les choses en main.
Rien ne vaut une petite matinée de nettoyage en plein cagnard pour se remettre du push de la veille.
Michel part gratter quelques longueurs d'une nouvelle voie, je pars finir de nettoyer "le 32ème jour" où la première longueur est trop sale pour les perfectionnistes que nous sommes.
Pendant que j'entends Michel déménager la montagne, je gratte comme un forcené cette belle série de fissures de L1 où je déchausse tout ce qui me tombe sous la lame.
2 heures pour nettoyer 30 mètres : je suis fourbu. 

Sieste à l'ombre des blocs.


L'après midi nous pique le derrière : nous repartons dans un nouveau projet.
Dans le même magnifique mur du "32ème jour", un dièdre inversé a sauté aux petits yeux du Grand Michel. 
Tant qu'il reste des accus, il grimpe ;o)

On repart donc dans une nouvelle future voie, et équipons 2 longueurs.
Ici, ce sera plus dur : deux longueurs consécutives dans le 6b / 6c sur broches et coinceurs, et puis au dessus un dière inversé qui nous tend les bras et n'a pas l'air donné non plus...
Mais ceci nous le verrons l'année prochaine en remontant la terminer : plus d'accus, on tire les rappels


 Vue générale des lieux : à gauche la Varappe, avec notre nouvelle voie entre le pilier sud-est et le Capucin. A droite, dans l'ombre, un mur à projets. Encore a droite, le deuxième mur dans l'ombre, celui du "32 ème jour".
Sur son bord droit, mi ombre mi soleil, le magnifique dièdre inversé en ascendance à gauche, qui l'année prochaine comptera une nouvelle voie ;o)
Et puis masquée, encore plus à droite, la sud de l'Aiguille sans nom. 
Là bas aussi du boulot...


 Pourquoi les Dorées?
Un des plus beaux granite du Mont Blanc, dans le calme paisible d'un immense plateau plein sud, loin des foules et des rotors. 
Un lieux unique dans ce massif. 
Aux Dorées, on devient épicurien.


 Pourquoi équiper et rééquiper?
Plaisir de la découverte assurément, et envie d'autre chose que de grimper seulement pour ma pomme comme je l'ai fait pendant 20 ans. Une autre aventure.


Merci Michel pour cette nouvelle belle session.
Deux voies terminées, une troisième en chantier : vivat!

Un jour, à la faveur d'un nouveau topo, peut être notre bivouac deviendra-t-il trop prisé?
Nous serons alors ailleurs, heureux que les montagnes soient si grandes.

Commentaires

benoit a dit…
Je me souviens d'un samedi soir ce mois d'Août aux Dorées. Yannick et Michel viennent d'engranger une nouvelle journée de forçat et se concoctent une salade maison dont eux seuls connaissent la recette.

Un grand Bravo pour ces belles signatures que vous avez encore posé sur le rocher des Dorées

benoit
NiCo a dit…
Bonjour,

Avez vous des topos (pdf ?) de ces escalades magnifiques?
Je passerai à l'OHM quoiqu'il en soit.
Merci de votre réponse, bonne grimpe!