Groenland -2- la découverte

Pas d'infos, pas de photos, pas de topos. L'inconnu. Jusqu'au bout du bout, l'inconnu. le jour où nous entrons dans le sanctuaire, celui-ci ne se laisse qu'entrevoir au delà d'une brume qui persiste dans le fond du fjord et qui nous empêche de nous rincer l'oeil depuis les motoneiges. Akasajik se laisse désirer. Alors, presqu'au hasard, nous dirons à nos chauffeurs "bon, ben laissez nous là..." ok.


Posés au fond d'une baie, nous montons notre premier camp et à la faveur d'une brume qui se déchire pour saluer notre arrivée, nous partons au hasard de nos envies. Rapidement, nous comprenons que ce lieu est démoniaque, immensément démoniaque, au delà de ce que l'on pouvait espérer trouver. Petite sortie de fin de journée, pour remonter le lendemain dans un large vallon glaciaire, un peu au hasard.


Nous découvrons aussi une neige "de printemps", complétement inatendue au groenland... On sue, on chauffe, nous qui pensions nous les cailler. Nous repérons un petit couloir qui débouche sur une crête entre deux tours, ce sera notre objectif. La suée qui nous accompagne dans les derniers 300 mètres nous inspire : nous dénommerons l'endroit le "col caloris". Dont acte, on peut suer au Groenland.
Qu'elles sont savourées ces premières courbes : nous venons de si loin pour les faire. Nous ne nous attendions pas à skier de la moquette, mais c'est finalement une bonne entrée en matière. Pour comprendrele terrain également : nous évoluons sur les flancs d'un cirque glaciaire dominé par d'imposants séracs sous lesquels nous ne trainons pas. Nous voila prévenus : le terrain est et sera glaciaire, et le risque de chutes de séracs bien réel. Nous en ferons d'ailleurs les frais, plus tard...


Et puis surtout, nous sommes sur un belvédère : en face de nous, sur l'autre rive du fjord, la côte nord de la terre de Milne, celle qui nous a fait venir jusqu'ici. "Terre promise, redis moi ton nom" disait Bashung... ici, elle s'appelle Milne. La côte au loin est fabuleuse : 80 km d'un immense versant de 2000 mètres de haut. Partout des éperons, des piliers, des couloirs, entrecoupés d'énormes glaciers venant vomir dans la mer.


Et déjà, en ligne de mire, au loin, une ligne paradisiaque qui se dessine. Un truc comme on en voit que dans nos rêves. La décision s'impose : après deux nuits dans notre premier camp, nous plierons les gaules le lendemain et nous mettrons en route vers ce qui nous semble être un truc incroyable. Premier tirage de pulkas (c'est tellement bon), premieres tentatives en kytes -espérons nous-... Le spectacle de cette rive nord de Milne, que la brume nous avait masqué jusqu'au dernier moment, nous laisse pantois... Combien? 4 semaines? ça va être serré!

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