Un aperçu
Il faut scruter cette paroi, ou alors la regarder de nuit pour comprendre l'activité qui y règne. A la nuit tombée, une colonie des frontales s'y allument ici et là, et nous rappellent que oui, il y a bien du monde qui part voyager là dedans.
Penser gravir le Nose? Oui, bien sûr, nous y pensions nous aussi. Le réalisme progresse à mesure que s'approche l'échéance, c'est curieux ;o) Nous avions presque abandonné cette idée avant même de poser nos sacs dans la vallée. Passer au pied de la face finira de nous convaincre qu'il est encore un peu tôt pour nous de partir là-dedans.
Avis aux amateurs : deux grimpeurs de 6c/7a habitués à la grimpe sur coinceurs du granite du Mt Blanc se sont sentis minuscules face à l'entreprise "Nose".
- A peu près autant de "grandes voies" (enfin un truc qu'on connaît!) allant du "un peu dur" au "très dur". Le un peu dur , c'est tout ce qui est au delà du 5.7 (soit un V+ chez nous). Le très dur, pour nous, commence au 5.10b (6a+).
- De nombreuses petites voies de 1 à 3 longueurs, avec les mêmes remarques sur la cotation que pour les grandes voies.
En clair, à moins que votre objectif soit de faire de l'A5, il ya beaucoup de choses à faire là bas mais aussi beaucoup de choses inaccessibles. A partir du 5.8, le style peut devenir franchement déroutant. A part le "face climbing" qu'on connait, le reste c'est plutôt banzaï : fissures à doigts, cheminées, fissures à poings et pieds, et du rocher très lisse de part et d'autres... le terme en vigueur là bas, c'est le "jamming" : en gros, tu fais de la "confiture" avec tes mains au fond des fissures. Miam!
Il faut donc y aller "doux" au Yosemite sous peine de se faire très peur. Heureusement les splendides (car, faut il le rappeler, il n'y a pas d'escalade moche ici-bas) voies de chauffe existent. A l'image de "Commitment", une voie signée Jim Bridwell, ou la première longueur en 5.8 mets tout de suite dans l'ambiance. Quel rocher!
Ah oui, autre détail : pour grimper au Yosemite, il faut du matos. Un jeu complet de friends est nécessaire, et tailles moyennes en double svp.
Olivier aux pieds de la voie, ça ne rigole plus!
Au dessus, c'est ce que l'on apeçoit sur cette image : une fissure qui remonte un océan de dalles... Elle s'élargit, s'interrompt quelques metres, reprend en plus fin sur la droite, se redresse, se tord... 9 longueurs démoniaques, soutenues tout le long car on est ici dans une vrais fissure du Yose, et le jamming est obligatoire.
Ah ça, pour de la confiture, c'est de la confiture : on se tord les poings et les pieds dans tous les sens pour verrouiller comme on peut au fond de cette fissure, et puis on progresse, tant bien que mal.
Longueur après longueur, tout y est parfait. Le rocher est d'une pureté déconcertante.
J'avoue quand même qu'on en bave un peu la-dedans, et que ça fait mal partout. Les pieds crient pardon à force d'être martyrisés, et des fois je pense que je devrais me les strapper aussi, comme les mains.
J'avoue quand même qu'on en bave un peu la-dedans, et que ça fait mal partout. Les pieds crient pardon à force d'être martyrisés, et des fois je pense que je devrais me les strapper aussi, comme les mains.
Ah oui, un autre aspect du Yose : le strap pour les mains est plutot conseillé. En moufle ou en mitaine, comme vous voulez, mais il faut se strapper les mains car les verrous, sinon, font vraiment mal et arrachent la peau sur les phalanges. Non je rectifie : sans strap, les verrous font encore plus mal qu'avec du strap.
Enfin tout ceci est très relatif : les deux américains que l'on croise pendant la descente remontent très tranquillement les fissures où nous bataillions quelques heures plus tôt. Je crois qu'ils n'avaient pas de strap...
Nous partons titiller la face nord du Fairview Dome... C'est vrai ça, on est à plus de 2500m d'altitude, fin septembre, pourquoi pas aller au froid d'une face nord alors que tous les alentours pètent de soleil?
Les trois premières longueurs sont les plus rudes : une fissure en """6a""" (hi hi hi!) dans laquelle tout le monde bataille, les filles y compris (là je dis : bravo!). Le froid du rocher est implacable, et nous décidons finalement de redescendre après une bonne caillante.
La séance de bronzage aux pieds de la face est la bienvenue.
L'endroit est véritablement splendide, et à mon avis ceci vaut autant le coup (pour les paysages) que la vallée du Yose. Certaines randonnées doivent y être également très belles, rejoignant par les crêtes le fond de la vallée et le Half Dome...
Une autre fois...
Mais alors, c'est tout? Non, bien sûr... Ceci n'est qu'un petit résumé de nos plus belles voies. Il y en a eu d'autres, il y a eu aussi du repos, il y aeu aussi une virée à San francisco.
Mais alors? Et le gaz, et les big walls, et l'artif? Non???
Hé hé hé, et si il y en a eu, bien sur qu'il y en a eu. Je garde la suite pour demain ;o)
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