Du rire, des fissures et du brouillard

Retour au travail, après quelques errances non publiées ici : Cerces, gorges du Tarn... Pas de compte rendu car pas d'image. Tiens donc : serais-je incapable de communiquer ici sans image?


Allez, c'est reparti!

Séduit par le refuge de la Charpoua lors de mon récent séjour, je suis motivé pour y retourner et tester cette fois-ci l'immense cirque de granite qui entoure et surplombe le refuge.


Départ accompagné des deux Olivier(s), où l'on se rend compte sur cette photo que la couleur de l'olivier n'est peut être pas le vert mais le bleu. Mes deux schtroumps sont en forme et moi aussi, ça nous promet de belles heures.

Partis de Grenoble le matin, nous montons chargés comme des mules devant tenir un siège : trois jours la haut, autant dire qu'il faut penser, en plus de grimper, à se soigner la panse. Les coinceurs digressent joyeusement avec les litrons de rouge dans nos sacs à dos.

Une petite voie pour occuper cette après midi : "Eminence grise" (TD, 250m) sous les contreforts de l'Evêque. Une voie facile dans le 5 excepté la dernière longueur, mais très belle et homogène dans ce niveau. Idéal pour se remettre en jambes sur ce granite si particulier.

Et là, je découvre que j'ai à faire à 2 cadors : non seulement ils ont le même nom, non seulement ils s'habillent en bleu, mais en plus ils sont des as de la chorégraphie.

Regardez moi ce style! C'est pas beau ça?
Moi, ébahi, j'ai l'impression d'être transporté dans un spectacle de Muriel Hermine. Ces deux schtroumpfs sont en train de réinventer la danse verticale.
Des flèches! je vous dit que ce sont des flèches ces gars là.

La montagne s'arrête de respirer. Elle admire.




Dur de se remettre à grimper après une telle prestation.


La voie se redresse, on sort sur la tour sommitale, et puis on redescend dans un brouillard humide frigorifiant. Vive le mois d'aôut à Chamonix!



Le soir au refuge, les deux danseuses remettent ça. Les 100 mètres de corde ne suffisent pas à les tenir, les 2 litres de côte du rhône non plus.
Je suis dépité. Moi qui croyait que la montagne était une chose sérieuse.







Surmotivés, nous nous offrons une grass' mat' des montagnes le lendemain, avec comme prétexte de partir grimper en face ouest... Autant attendre que le soleil réchauffe le caillou plutôt que de se geler les doigts.



Nous partons faire "La voie du druide" (ED, 280m.), escalade parait il magnifique en face ouest du Moine. Après un départ presque froid, c'est une envolée de fissures et de dalles qui nous attend.
Ci-contre, Figolu en termine avec un 6b+ soutenu



Gringo n'est pas en reste et en bouffe lui aussi tout son saoul.



Plus haut, le style change : une dalle "spécial mental" en 6c nous attend. Dur de se remettre dans cette escalade si particulière. Je pars en tête dans cette longueur où les pas au-dessus du point sont obligatoires. Je pose mon neurone au relais et j'attaque. Les grimaces de mes poursuivants témoignent de la simplicité du mouvement clé.





Au dessus, ça repart dans un style plus bourrin qui n'est pas pour déplaire à Figolu. Une magnifique écaille en 6b nous régale le temps d'une longueur. A propos de temps, tient c'est bizarre, les couleurs des images se ternissent au fur et à mesure que l'on grimpe...

Oh, joies des cumulus humides qui s'agglutinent en un rien de temps sur cette face ouest. C'est froid, ça vient du bas, et ça souffle vers le haut en prenant soin de nous glacer l'échine.


Deux fois en deux jours, c'est trop bon. Vive l'été 2007!


On continue, un peu dégoutés mais motivés. Figolu repart dans L5, le topo précise pour une fois qu'il faut bien repérer les spits depuis le relais. Bizarre ce conseil inhabituel, y aurait il une subtilité cachée? ça tombe bien, la visibilité tombe à 15 mètres. Au delà, c'est le néant gris.


Notre Figolu cherche, cherche et recherche.
"Mais si! ça passe là, à droite!
- Ah, y'a un piton, mais ensuite ça a l'air costaud.
- C'est tout bon sur le piton, y'a des spits après, on les voit d'ici. Bouge, on se les caille!
...
- Mpppfff ppffffff d'chié de merde! ça grimpe là, c'est pas du 6a+! le piton ça doit être un vieux piton de cristallier! "

Ah, les cristalliers! Sacrés eux! Après 45 mn d'errance, on doit se résigner à le retraite dans le brouillard. C'est le but! GOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAALLLLLLLLLLLLLLLLLLLL!!!!!!!!!!!!


Le topo (plus détaillé celui-ci) consulté le lendemain après l'égalisation de la deuxième mi temps nous confirmera que c'était bien là, et pas ailleurs. Des cristalliers ... trop drôle :o)))))



Le lendemain, deuxième mi-temps. On attaque plus tôt en face Est, sous les flammes de pierres, dans la voie "les flammes du désir" (ED-, 280m.) . La météo appelée la veille par le figolu cristallier nous promet des pluies dés la mi journée qui doivent ensuite dégénérer en orage. Tout un programme. Dés le matin, les nuages sont là. On est moyennement optimistes, mais la voie se descend en rappels : solution de repli oh combien stratégique quand l'orage menace.

Je laisse la place en tête aux compères frustrés qui n'ont pas encore grimpé au soleil -revenu?- du week end. Ca attaque sévère, le rocher ici est bien plus raide qu'ailleurs. Une première longueur un peu renfougne pour Figolu puis le Gringo mort de faim se laisse entrainer dans les fissures du dessus.

Nous au relais, on sent les premières gouttes. Les nuages ont débordé du versant sud du massif, et dégringolent progressivement sur ce versant.


Gringo : continue? Continue pas?
Continue! Une longueur bien physique où, comme on dit, il "s'emploie". Le topo parle d'une "fissure très dure", sans la coter.
Nous en bas, on compte les gouttes qui tombent, s'arrêtent de tomber puis reprennent.
On continue à grimper. Les nuages observent, et puis quand on arrive à R4, ils commencent franchement à se marrer "Tiens, si on leur refaisait le coup de la 5eme longueur?" Et hop, trois gouttes menaçantes, un coup de vent qui envoit notre topo loin dans les airs, et nous... ben nous, sans topo avec un orage annoncé, ben on tire les rappels et on redescend.

Alors forcément, la descente jusqu'à Cham se fera finalement sous un soleil revenu, la fin de l'après midi verra même de grandes percées de ciel bleu. Météo France devait aussi faire le pont ce 15 août, merci à eux ;o).
Trois voies, deux inachevées, du mauvais temps ici, sans doute moins ailleurs. Pas si grave en fait : toutes les longueurs faites étaient très belles, rien à jeter. Découverte du bassin de la Charpoua, séjour au merveilleux refuge qui s'y cache... Prise de contact. Et puis trois bonnes journées à se marrer avec les schtroumps. C'est bien l'essentiel.

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